Gouvernements, collectivités territoriales et administrations

Introduction

Hier encore, les éditeurs propriétaires le traitaient avec indifférence, et les quelques administrations qui l'adoptaient le faisaient en toute discrétion, presque honteusement.

En 2003, les annonces d'intention se succèdent, encourageant les États à l'étudier de plus près à défaut d'agir. Le marché inerte et monopolistique du logiciel commence à trembler.

En 2004, les déclarations d'intention se sont concrétisées, et les exemples spectaculaires de migration se sont accélérés : Europe (Munich, Barcelone, Belgique, Vienne), Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie (Malaisie, Inde, etc.)... Tous les continents semblent vouloir se mettre au libre. Et, non contents d'adopter ces solutions, ils inscrivent leurs choix dans des schémas politiques parfois forts, revendiquant sans complexe l'indépendance et l'accès au progrès pour tous au nom de l'équité citoyenne.

Paradoxalement, c'est le leader du marché qui a décomplexé les gouvernements : après avoir diabolisé le logiciel libre, il le banalise en déclarant que « l'important, c'est que les gens aient un libre choix entre les logiciels libres et les logiciels commerciaux ».

Mais lorsqu'un Ballmer interrompt ses vacances pour tenter de sauver (en vain) un marché, ou lorsque des remises faramineuses sont consenties sur les licences commerciales, il devient évident que le logiciel libre s'est hissé au rang de concurrent dangereux.

En 2004, pourtant, d'annonces fracassantes en virages à 180 degréss, l'Hexagone se cherche encore. Lentement, les ministères migrent. Incontestablement, la Recherche s'engage. Timidement, le Gouvernement affiche ses choix. Peut-on aujourd'hui parier sur l'inévitable contamination des échelons de la pyramide administrative française ? Oui, si l'on en juge le tollé général provoqué par la signature de l'accord-cadre entre Microsoft et le Ministère de l'Éducation Nationale, ou encore la création d'ADELE et ses dispositions pour les logiciels libres et les standards. Non, au regard des initiatives du géant américain qui a créé une « unité spécial Administration Publiques » et une plate-forme de développements collaboratifs à destination du secteur public. Le roi de la jungle est à peine égratigné, et il le prouve. Mais en s'inscrivant en faux contre le travail de fond de l'Adullact pour les collectivités locales, ne rend-il pas finalement à César ce qui lui appartient, reconnaissant ainsi, même insidieusement, toute l'importance de l'association ?

L'accélération brutale du logiciel libre oblige les champions à sortir du bois. L'émulation du marché est à peine commencée qu'elle fait déjà le bonheur de l'utilisateur, qui s'est notamment réapproprié le Web. Mais si le logiciel libre a parcouru beaucoup de chemin, la route est longue et risque de finir dans le mur d'une directive européenne malheureuse sur la brevetabilité des logiciels, épée de Damoclès suspendue au-dessus d'administrations françaises encore bien frileuses...

Cécile Blonay (chargée de communication du Centre de Ressources Informatiques de Haute-Savoie (CRI74))

Éducation et logiciels libres (numéro 12 du 11 février 2004)

L'accord-cadre du 18 décembre 2003 entre l'Éducation nationale française et Microsoft, évoqué au numéro précédent, a été modifié suite aux réactions qu'il a suscité. Un grand nombre d'associations du logiciel libre et d'organisations syndicales de l'éducation ont diffusé un communiqué en faveur d'« une véritable politique de développement du logiciel libre dans l'éducation nationale ».

Passage au libre (numéro 12 du 11 février 2004)

Lux Éditeur, une maison d'édition de Montréal spécialisée dans les sciences humaines et la littérature, qui utilisait déjà des logiciels libres pour son site web, les a aussi adoptés pour l'édition des livres, pour « se libérer du carcan des logiciels propriétaires » et « adopter un fonctionnement technique cohérent, en rapport avec les idées qu'ils défendent dans leurs livres ». Il a été plusieurs fois question chez Debian d'abandonner le support des logiciels non-libres. « Le Clusif (Club de la sécurité des systèmes d'information français) met en garde contre le sentiment de sécurité que donne l'utilisation de Logiciels Libres ». La ville de San Sebastian (Espagne) « demande à son service informatique d'étudier la possibilité d'utiliser des logiciels libres dans tout ce qui concerne la ville ». TemPS Réels, la section NTIC du Parti Socialiste, évoque le député français Marc Le Fur qui a interrogé les ministères pour savoir « quelles mesures ont été prises pour favoriser l'utilisation de logiciels libres, tels que Linux, dans ses services ». Toujours sur TemPS Réels, un article sur la Ville de Paris qui étudierait de près les solutions libres. À rapprocher du dossier « Gouvernements et collectivités publiques se tournent vers le logiciel libre » qui mentionnent l'intérêt de la Suède, du Danemark, de l'Italie, d'Israël, etc pour le logiciel libre.

Fondations du logiciel libre (numéro 12 du 11 février 2004)

Le président de la FSF Richard Stallman a rencontré le président indien qui s'était exprimé récemment en faveur du logiciel libre. En Irlande, l'Irish Free Software Organisation a été créée.

Passage au libre (numéro 13 du 22 avril 2004)

La mairie de Sélestat (France, Bas-Rhin) met en place une infrastructure libre et diffuse son application interne de gestion des outils informatiques sous une licence libre. Microsoft publie son premier logiciel libre sur Sourceforge (article LinuxFr). Le projet gouvernemental français ADELE (ADministration ÉLEctronique) évoque à plusieurs reprises les logiciels libres et les standards ouverts (analyse par l'APRIL). ZDNet évoque un club (« The Incubator Club ») pour les « utilisateurs anonymes » de logiciels libres en Angleterre, qui veulent adopter ces solutions sans être assaillis par les commerciaux du propriétaire en retour. La ville de Manresa en Catalogne (Espagne) équipera tous ses ordinateurs de GNU/Linux d'ici deux ans et formera ses utilisateurs, et justifie son choix en déclarant que « le futur mène aux logiciels libres ». Sept États américains et quatre municipalités vont lancer un dépôt de logiciels libres pour faciliter leur utilisation dans les administrations.

Passage au libre (suite) (numéro 13 du 22 avril 2004)

Un club de développement collaboratif vient de voir le jour pour « mutualiser les financements autour d'un besoin nécessaire à plusieurs utilisateurs d'OpenOffice.org, qu'il s'agisse d'entreprises ou même de particuliers ». OpenOffice.org est d'ailleurs jugé menaçant par son principal concurrent en position monopolistique. Le Brésil poursuit sa migration vers le logiciel libre avec le basculement de quatre de sites web gouvernementaux, et, encouragé par les économies déjà réalisées, la migration cette année de 30% du parc et la formation des fonctionnaires. Rodolphe Quiedeville diffuse un guide des prestataires français du logiciel libre. L'association Mozilla Europe a été créée pour réaliser la promotion, l'aide au déploiement et le développement du logiciel libre Mozilla et de ses dérivés. Et un nouvel hébergeur de projets libres est apparu, Gna!, avec pour vocation « de participer à la multiplication des plates-formes d'hébergement afin d'augmenter le nombre d'alternatives qui s'offrent aux développeurs libres en cas d'indisponibilité. »

Directive européenne sur les brevets (numéro 14 du 15 mai 2004)

La Foundation for a Free Information Infrastructure (FFII) a organisé diverses manifestations dans les capitales européennes, notamment à Bruxelles et Paris, pour attirer l'attention sur le Conseil des Ministres qui envisage de contourner le Parlement. Christine Tréguier a publié un article sur ZDNet France sur « le bras de fer (qui) se poursuit entre Parlement et Conseil européens ». L'Association française des Producteurs d'Oeuvres Multimédia (APOM), qui revendique 80% des producteurs français de jeux vidéo, a écrit une lettre ouverte au Premier Ministre pour évoquer son opposition à la brevetabilité du logiciel. Des éditeurs français indépendants de logiciels ont écrit au Président français pour lui faire part de leur très vive inquiétude face à la position du représentant de son gouvernement concernant la brevetabilité des logiciels. Pendant que les débats se poursuivent en Europe, Gérald Quintana fait remarquer sur LinuxFr que la société texane Forgent Networks revendique la paternité du format d'images JPEG grâce à un brevet américain, et Philippe Aigrain sur la liste escape_l que l'office américain des brevets ne peut plus faire face aux dépôts, à l'instar de son jumeau européen.

Études FLOSS (numéro 14 du 15 mai 2004)

Après avoir étudié les développeurs de logiciels libres et « Open Source » (FLOSS) dans l'Union Européenne en juin 2002 et aux États-Unis en 2003, une étude vient de paraître pour l'Asie. Une nouvelle étude a été lancée en Europe, baptisée FLOSS-POLS, sur les choix gouvernementaux, la place des femmes et l'efficacité de ce modèle de développement collaboratif. On notera aussi l'attribution d'1,6 millions d'euros au consortium COSPA dont le but est de promouvoir les solutions libres au sein des administrations européennes. Et Bridges.org fait le point sur le logiciel libre en Afrique.

Passage au libre (numéro 14 du 15 mai 2004)

Christophe Vu-Brugier a signalé sur LinuxFr que le Parlement de la région espagnole d'Estrémadure a reçu le premier prix européen pour l'innovation régionale grâce à son système libre GNULinex. David Sporn y a évoqué la libération de son format audio Dirac par la BBC, et Colin Leroy la mise sous GPL du greffon d'Evolution de connexion vers un serveur MS Exchange. Kévin Ottens a mentionné le nouveau service de développement collaboratif mis en place par l'Association pour l'Internet Non Commercial pour ses adhérents, basé sur GForge, et nommé DevLibre. Par ailleurs Sun envisagerait de se tourner vers la GPL pour son système Solaris, et de libérer Java, le tout étant très hypothétique. Mairies Online signale que les collectivités réalisent des économies grâce aux bases de données libres. L'article « Why Free Software Matters » de Sean Cohen a été traduit en français : « De l'importance du Logiciel Libre » (miroir). La rencontre de l'Association internationale des maires francophones, les 30 avril et 1er mai à Paris, a recommandé un engagement ferme des municipalités francophones à « promouvoir les logiciels libres dans l'usage de l'informatique et de l'internet » (citation d'un des participants, Djilali Benamrane).

Élections européennes (numéro 15 du 13 juin 2004)

La Foundation for a Free Information Infrastructure (FFII) a lancé une action visant à pousser les candidats aux élections européennes à prendre position sur la brevetabilité du logiciel. Le site candidats.net invite les candidats pour la France à répondre par oui ou par non à trois questions sur la brevetabilité du logiciel, la transposition de la directive européenne sur le droit d'auteur (EUCD) et le logiciel libre dans les administrations. L'APRIL a publié une analyse des programmes des listes présentes en France. Un collectif brestois vient d'envoyer une lettre ouverte aux candidats des élections européennes de la région Ouest française. Alan Cox a aussi publié une lettre ouverte à propos des brevets logiciels et des élections. Le consortium ObjectWeb a écrit à tous les candidats français son inquiétude à propos des brevets sur le logiciel. Enfin une base de données interrogeable permet de savoir par pays, région et parti politique comment les députés européens ont voté les amendements sur la brevetabilité.

Passage au Libre (numéro 15 du 13 juin 2004)

Le premier ministre français, M. Jean Pierre Raffarin, a déclaré le 26 mai sur la radio publique France Inter que les logiciels libres devaient permettre aux administrations de réaliser de substantielles économies. Ils continuent d'ailleurs à percer au Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales (MISILL) avec une solution de gestion de courrier, au Ministère des Finances (MINEFI) pour la gestion des impôts et au Ministre de la santé avec une démonstration du dossier médical informatisé sous GNU/Linux. Le Ministère du travail (DoL) américain a diffusé sous GPL son outil de gestion de contenus « Workforce Connections ». Le IT Manager's Journal propose sept modèles économiques pour le libre. Les codecs audio libres sont sortis en tête d'un test audio en aveugle.

Passage au libre (numéro 16 du 27 juillet 2004)

Le gouvernement français s'est prononcé en faveur du logiciel libre sur le poste de travail de ses fonctionnaires, et diverses migrations sont en cours (par exemple au ministère de l'équipement). Michel Vauzelle, président de la Région PACA (France), a inauguré le réseau informatique passé au libre du lycée Pasquet en Arles : « le concept même de logiciel libre contribue à l'éducation à la citoyenneté de nos enfants ». Le Canton de Vaud (Suisse) a décidé d'utiliser les logiciels libres dans son administration. La ville de Blanquefort (Gironde, France) a lancé son webmail sous licence GPL. Le président indien souhaite l'utilisation de logiciels libres dans le domaine de la défense. En Thaïlande, c'est 160000 ordinateurs qui ont été livrés avec GNU/Linux et Open Office. De plus la chaîne gouvernementale d'éducation UBC (type France 5) « diffusera douze heures de programmes d'initiation à l'informatique et à Linux tous les week-ends. ». Et ce malgré l'affolement de Microsoft qui a été jusqu'à proposer 95% de réduction...

Passage au libre (suite) (numéro 16 du 27 juillet 2004)

La Malaisie s'est tournée vers le logiciel libre via son plan-maître pour le logiciel libre dans le secteur public. La ville de Bergen en Norvège marche dans les traces de Munich. Le Centre est-africain pour le logiciel libre (East African Centre for Open Source Software, EACOSS) a été mis en place à Kampala, Uganda. La municipalité de Barcelone a annoncé sa volonté de « promouvoir l'utilisation des logiciels libres en catalan dans l'administration et les entreprises publiques » pour des raisons de « collaboration entre administrations, de partage des connaissances (et) de développement culturel à travers l'utilisation du catalan ». La ville de Paris semble plus hésitante et Microsoft semble prêt à tout pour la garder (voir aussi la lettre ouverte de Rosaire Amore au maire de Paris parue sur LinuxFrench). La Belgique, via son conseil des ministres, a approuvé « les directives et recommandations aux services publics fédéraux (...) pour l'usage de standards, de logiciels d'application et de logiciels libres, faits sur mesure. » Le Journal du Net évoque aussi une transition au Vietnam. Real ajoute la GPL à la liste des licences d'Helix Player et Sun publie son projet d'interface 3D Looking Glass sous la même licence.

Passage au libre (numéro 17 du 18 août 2004)

Logiciellibre.net a publié un article intitulé La fièvre de l'Open Source gagne le marché des ERP (Enterprise Resource Planning). La chaîne de distribution Carrefour propose des ordinateurs grand public avec GNU/Linux. IBM a passé sa base de données Cloudscape sous la licence libre Apache, tandis que Computer Associates annonce la disponibilité de son produit Ingres sous une licence certifiée OSI, et organise un concours de doté d'un prix d'un million de dollars pour motiver les futurs contributeurs. La presse Mac (« À vos mac ! » en l'occurrence) commence à parler du logiciel libre. Hachette Multimédia va sortir son encyclopédie, réalisée avec des technologies libres, sous GNU/Linux. David Adams a rédigé un article sur l'économie et le libre intitulé Free Can Mean Big Money: The Open Source Economy. Denis « esp2008 » a écrit en juin « Le logiciel libre : une démonstration du libéralisme ? ». Sur les pas de Munich, la ville de Vienne annonce son passage au libre sur le poste client pour 2005.

Passage au libre (suite) (numéro 17 du 18 août 2004)

Un rapport préconisant l'usage de logiciels libres a été rendu à l'État de Californie. Le distributeur américain de produits électroniques et culturels Circuit City a annoncé son passage à GNU/Linux. Il y a eu des échanges tendus en juin entre Microsoft et le responsable logiciel libre du gouvernement brésilien, le premier accusant le gouvernement d'être sous influence et d'aller dans la mauvaise direction, le second comparant la stratégie de l'éditeur à celle d'un revendeur de drogues (analogie déjà utilisée ailleurs notamment par le président de Sun). Le rapport annuel de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest annonce la « migration progressive vers les logiciels libres ». L'International Open Source Network (une initiative du Programme des Nations Unies pour le Développement dans la zone Asie Pacifique) a publié un guide « Free/Open Source Software in Education ». Frédéric Noronha a signalé que la Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement (CNUCED/UNCTAD) a publié son troisième rapport sur le développement et le commerce électronique en novembre 2003 où le logiciel libre est qualifié de clé pour surmonter le fossé numérique.

EDRI-gram 2.12 à 2.15 (numéro 17 du 18 août 2004)

Au sommaire des derniers numéros de l'EDRI-gram, la lettre sur les droits civiques dans l'espace numérique, il est notamment question dans le numéro 2.12 des élections européennes, de la Loi sur la Confiance dans l'Économie Numérique, d'un possible procès antitrust contre Microsoft en Bulgarie, d'une nouvelle bibliothèque d'Alexandrie, l'Internet Archive, du rejet de l'extension de la durée des droits d'auteur à 70 ans en Russie et de la Bulgarie qui se tourne vers le libre ; dans le numéro 2.13, de la Commission européenne qui lance le INDICARE pour rendre les DRM (« Digital Rights/Restrictions Management ») plus acceptable, du rapport de la réunion préparatoire du Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI), des dix ans des accords TRIPS/ADPIC (Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce) et du rapport « Internet sous surveillance 2004 » de Reporters sans Frontières ; dans le numéro 2.14, des parlements nationaux qui défient le Conseil européen sur la directive sur les brevets sur les logiciels et du bilan des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2004 ; enfin le numéro 2.15 traite en particulier de la migration vers le libre de Munich menacée par les brevets et d'une consultation publique sur les DRM lancée par la Commission européenne.

Passage au libre (Espagne) (numéro 17 du 18 août 2004)

L'association espagnole Hispalinux et Telefónica I+D ont signé un accord au terme duquel l'opérateur héberge le projet software-libre.org, destinée à développer les systèmes libres au niveau local, tout en bénéficiant des conseils de l'association en matière de logiciel libre. Avec l'appui de la communauté autonome d'Aragon, l'université de Saragosse va distribuer à ses élèves 50 000 CD-ROM amorçables permettant d'installer des logiciels libres. En Extremadure, la communauté autonome la plus pauvre d'Espagne, la ville de Badajoz ouvre en septembre un centre de formation et de développement de logiciels libres tandis que Valence installe « Lliurex », une panoplie de programmes libres et bilingues (castillan et valencien), dans 10 centres éducatifs d'écoles primaires et secondaires. Linex.org, le portail du libre d'Extremadure a dépassé les 12 millions de visites depuis sa création en avril 2002. L'université polytechnique de Catalogne (UPC) va insérer dans le dossier de ses étudiants pour les cours 2004-2005 « Linux Live CD », un CD-ROM comprenant des logiciels libres pour travailler sur les matières enseignées (électronique, statistiques, graphisme, mathématiques, multimédia, programmation, chimie). La société de services T-Systems España, filiale de Deutsche Telecom, a décidé de regrouper son Centre européen de compétence en logiciel libre dans un bureau unique à Barcelone. La fondation de l'artiste sévillan Manuel Chabrera équipera désormais de logiciels libres les ordinateurs de son programme de recyclage et de dons au profit de jeunes créateurs.

Passage au libre (Amérique latine) (numéro 17 du 18 août 2004)

« 90% des logiciels bureautiques sont utilisés de manière illégale dans les administrations publiques en Argentine » a déclaré le directeur de la gestion informatique du ministère de l'intérieur argentin, Eduardo Thill, lors du premier Congrès national du logiciel libre à Buenos Aires. Le conseil municipal de Santa Fe a adopté une réglementation interdisant à l'avenir l'acquisition de programmes propriétaires pour ses services.

Passage au libre (numéro 18 du 22 septembre 2004)

Jean-Étienne Poirrier a signalé sur LinuxFr qu'IBM « allait donner à la Fondation Apache une collection de logiciels de reconnaissance de la parole ». L'arrondissement de Tempelhof Schöneberg de Berlin envisage de passer à GNU/Linux. Et les écoles sud-coréennes pourraient faire de même, ainsi que l'Iran. L'Union Européenne lance le projet CALIBRE (Coordination Action for LIBRE Software), doté de 1,5 millions d'euros au sein du 6ème programme cadre pour les technologies de la Société de l'Information (IST FP6). L'économiste Patrice Geofron a publié une tribune dans le quotidien français Les Échos sur « Le mythe des logiciels gratuits ». Le compte-rendu de la conférence « Bâtir une communauté autour de logiciels libres » de Jacques Chatignoux faite aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2003 a été publié sur Libroscope. Antoine évoque aussi les « logiciels libérateurs » sur LinuxFr.

Passage au libre (Amérique Latine) (numéro 18 du 22 septembre 2004)

Une enquête menée pour l'agence brésilienne SOFTEX (Société pour la Promotion de l'Excellence des Logiciels Brésiliens) chiffre à 60 le nombre de municipalités (« prefeituras ») utilisant actuellement des logiciels non propriétaires. Le sénateur argentin Alberto Conde a présenté un projet de loi « rendant obligatoire l'utilisation de logiciel libre au sein des services de l'État ». Le Sénat ayant donné son aval, les députés doivent examiner le texte, explique le sénateur sur son site Internet. L'association Civil Nodo Tau a inauguré le premier « Télécentre logiciel libre » au siège de l'UNESCO à Rosario en Argentine. L'Organisation veut répéter l'opération dans le pays pour former le réseau RUTEL (Réseau UNESCO de Télécentres Libres) destiné à apprendre à maîtriser la technologie libre. Richard Stallman rencontrera au mois de novembre prochain des représentants des gouvernements du Mexique et du Vénézuela pour leur proposer d'utiliser au sein de leur pays le système GNU/Linux.

Manifestations diverses (numéro 19 du 13 novembre 2004)

Les premières Rencontres Africaines des Logiciels Libres (RALL) se sont déroulées à Ouagadougou (Burkina Faso) du 27 septembre au 7 octobre, présidées par les ministres burkinabè et sénégalais des Postes et Télécommunications, et organisées par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie et l'Association africaine des utilisateurs de logiciels libres (AAUL). Un séminaire Aristote s'est déroulé à l'École polytechnique le 21 octobre sur « Les modèles économiques des logiciels libres ». La FNAC Digitale (Paris) a organisé le 22 octobre une « conversation avec Jérôme Bonaldi », sur les « dérives et les enjeux de l'industrie informatique », « l'accès libre au code source » et la terminologie logiciel libre et « Open Source ». Grâce à l'ALDIL (Association Lyonnaise pour le Développement de l'Informatique Libre), en partenariat avec CPE Lyon, les 6èmes Journées Du Logiciel Libre se sont déroulées les 22 et 23 octobre. L'AsiLL Day, une journee de conferences était organisée à Montpellier le 6 novembre. Le Benchmark Group organise le 16 novembre le 4ème forum du logiciel libre en entreprise.

Passage au libre (numéro 19 du 13 novembre 2004)

Le ministère français de la défense a choisi de développer un « système d'exploitation ouvert de haute sécurité ». La radio web Radio404 est passée entièrement sous GNU/Linux. Et la radio Divergence FM fonctionne aussi avec du libre. Vingt mille postes du ministère de la défense de Singapour vont passer sous la suite bureautique OpenOffice.org. La mairie du 13ème arrondissement de Paris propose de libérer et ses logiciels et son personnel. Les plus puissants ordinateurs du monde fonctionnent sous le noyau libre Linux. La centrale gouvernementale britannique d'achats (Office of Government Commerce) a publié un rapport très favorable au logiciel libre. Microsoft a placé son troisième projet libre sur le serveur d'hébergements de projets Sourceforge. Le quotidien français Le Monde adopte la technologie XUL issue du projet Mozilla. La société Free Electrons a placé 500 pages de supports de cours Linux embarqué sous licence GNU FDL. L'Éducation nationale française a déployé 2316 serveurs Eole (dans 28 académies) et au moins 1989 serveurs SLIS.

Passage au libre (suite) (numéro 19 du 13 novembre 2004)

Le CEA (Commissariat à l'Énergie Atomique) et le Ministère chinois des sciences et des technologies ont conclu un accord de développement d'une plate-forme libre en commun. Le navigateur Firefox, très en vogue, est présent partout dans la presse française (Le Monde, 20 minutes, Libération, etc.) et américaine (New York Times notamment). GNU/Linux serait de plus en plus présent en entreprise selon IDC/Novell, et le marché des logiciels libres serait arrivé à pleine maturité selon le cabinet Pierre Audoin Consultants. La revue scientifique en ligne Automates Intelligents a publié un éditorial engagé intitulé « Vive le libre et les SMS ». Le site Koders.com est un moteur de recherche indexant automatiquement du code source libre pour permettre une recherche par mot-clé pour trouver du code réutilisable. La Commune Urbaine d'Antananarivo (Madagascar) a adopté la première plateforme de gestion d'état-civil libre fournie par Nuxeo, en partenariat avec l'Association Internationale des Mairies Francophones. Le Syntec Informatique (chambre syndicale des SSII et des éditeurs de logiciels) a donné sa position (plutôt neutre) sur le logiciel libre. Une enquête est organisée pour mesurer l'utilisation du Libre dans les collectivités territoriales. Le parlement portugais planche sur un projet de résolution pour l'adoption et la promotion du logiciel libre.

Passage au libre (Amérique Latine) (numéro 19 du 13 novembre 2004)

Selon l'agence de communication gouvernementale Agencia Brasil, le déploiement de logiciels libres dans 15 organismes du gouvernement fédéral a engendré pour le Brésil une économie de 9,9 millions de dollars d'octobre 2003 à septembre 2004. Le gouvernement du Vénézuela travaille sur un projet de décret établissant « de manière officielle et obligatoire la promotion et l'adoption du logiciel libre au sein de l'administration publique nationale » a déclaré le président Hugo Chávez le 29 septembre. Le Venezuela devrait également compter dans le pays « 343 infocentres » locaux à la fin de l'année. Le Brésil et le Salvador veulent également favoriser la promotion de ces « infocentros » destinés à améliorer l'accès de la population aux nouvelles technologies, grâce à un accès gratuit au réseau. « Les pharmaciens utilisent les médicaments génériques pour diminuer le coût des médicaments en faveur des patients. Alors, nous utilisons le logiciel libre pour diminuer les coûts des applications de l'internet pour diminuer ceux des contenus (du réseau) » a expliqué à l'AFP Néstor Moya, en charge de l'installation d'Infocentros à Caracas. Le 10 octobre, l'assemblée nationale vénézuélienne a par ailleurs examiné un projet de loi sur « l'Utilisation des technologies de l'information et le logiciel libre pour l'État vénézuélien », proposition du député Luis Tascón.

Passage au libre (Espagne) (numéro 19 du 13 novembre 2004)

La Catalogne a présenté début octobre un plan de coordination du développement du logiciel libre sur son territoire. Intitulé « pl.ct », le plan est accompagné d'un site web en langue catalane www.lafarga.org. Selon El Pais, l'Université de Cadix (Andalousie) a approuvé à l'unanimité fin octobre une réglementation qui obligera à ce que tous les documents officiels envoyés à la Communauté universitaire se présentent en format ouvert (pouvant être lus par tout type de programme informatique) ou pour le moins dans un format double. « Le logiciel libre est actuellement la seule alternative viable pour profiter tant au niveau local et que régional de tous les bénéfices offerts par la société de l'information et de la connaissance ». C'est ce que croit Llorenç Valverde, professeur en Sciences de l'informatique et de l'Intelligence Artificielle à l'Université des Îles Baléares. Le médiazine Suburbia propose un article de Vicente J. Ruiz Jurado intitulé « Comment créer un projet libre ». « Les radios libres et communautaires se mettent à utiliser et à développer du logiciel libre. Kjabata en est un exemple » peut-on lire sur le site espagnol barropunto.com. Depuis quatre ans, Kjabata est le gestionnaire de programmation de l'Union des radios culturelles de Madrid (URCM). Il enregistre les programmes et établit les blocs de programmation. barrapunto.com mentionne également un projet italien : SOMA.

Passage au libre (Italie) (numéro 19 du 13 novembre 2004)

« Tecnologie avanzate », un documentaire sur le logiciel libre réalisé par Max Carnè et co-écrit avec Gianluca Tararbra a été projeté le 24 octobre dernier au Festival Cinemambiante à Turin. La musique du documentaire est signée par le groupe Grande Circo Barnum. L'Université de Bologne, via son école spécialisée dans les technologies de l'information Almaweb, a mis en place pour l'année 2004-2005 un Master « Technologie du logiciel libre et Open source » sous la direction scientifique de Renzo Davoli. La ville de Rome organise les 16 et 17 novembre à l'occasion du Global Junior Challenge 2004 un atelier consacré à l'intégration sociale et au logiciel libre. Le Global Junior Challenge 2004 récompense des logiciels réalisés par des enfants et des adolescents. Fin octobre, la troisième édition de Valtellinux Meeting, une journée dédiée à la philosophie et à l'utilisation du logiciel libre, a réuni huit experts italiens du libre à Caiolo, en Lombardie. Le réseau italien de documentation pour la promotion de la culture technologique, les sociétés logicsnc.com et Monte Bianco TLC ont mis en place l'association SLAG - Software Libero Aosta GLUG pour promouvoir le logiciel libre et la circulation de la connaissance dans la vallée d'Aoste. Le 27 novembre, la société bolognaise Nizan présentera à l'occasion du LinuxDay un « portail open source pour les administrations publiques ». Une démonstration du portail, « Ezpa », est accessible en ligne. La société romaine Tabasoft a récemment lancé Biferno, un langage ouvert de script distribué sous licence GPL à l'image du langage PHP.

Passage au Libre (numéro 20 du 07 février 2005 (nov./déc. 2004))

Sous la pression parlementaire en faveur du logiciel libre et des standards, le gouvernement néerlandais a annoncé qu'il interrompait ses négociations exclusives avec Microsoft. La société des chemins de fer allemands Deutsche Bahn annonce une migration majeure de ses serveurs sous GNU/Linux. Le journal Le Monde diplomatique publie ses archives sur un cédérom, conçu avec des logiciels libres et compatible GNU/Linux. La municipalité de Pékin a opté pour des logiciels « nationaux » libres et non libres, après diverses luttes d'influence. Le magazine « L'informatique professionnelle » a publié un article d'Antoine Pitrou (disponible sur libroscope) sur la libération des logiciels par les entreprises. La région Île de France a attribué une subvention de 640000 euros à l'association Capital Games pour financer la R&D en jeux vidéo disponibles sous LGPL. OFSET (Organization for Free Software in Education and Teaching) a lancé une pétition pour soutenir le développement de logiciels libres pour l'éducation. La Communauté Européenne donne 2,2 millions d'euros pour améliorer les outils de création des logiciels libres, via le projet EDOS (Environnement pour le Développement et la distribution de logiciels Open Source). Bull retient GNU/Linux pour construire un super-calculateur, car il peut s'adapter et s'optimiser finement. L'État de Genève (Suisse) prévoit lui aussi de se tourner vers les logiciels libres. Une première réponse officielle de la ville de Paris sur la question de la migration vers le libre a été publiée, après les lettres ouvertes des associations restées sans réponse. IBM a publié un guide de migration vers GNU/Linux. Le premier téléphone portable fonctionnant sous le noyau Linux est arrivé en France.

Passage au Libre (suite) (numéro 20 du 07 février 2005 (nov./déc. 2004))

L'INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire) propose des formations aux logiciels libres. Le site du Forum Social Mondial a migré vers le logiciel libre (PHP). Apple France et l'Éducation nationale diffusent en partenariat un ensemble de logiciels libres éducatifs. Telefonica s'ouvre au logiciel libre en Espagne en ouvrant son logiciel Morfeo. L'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et l'Institut Professionnel pour Linux (LPI) ont créé la Certification Linux Francophone pour « penser la solidarité, dire la diversité, faire avec intégrité et agir pour l'excellence », dans les Centres Linux et Logiciels Libres pour le Développement (C3LD). La ville de Bergen (Norvège) annonce de nouveaux bénéfices dus à leur migration vers GNU/Linux. Une enquête sur l'utilisation des logiciels libres dans les collectivités territoriales est organisée du 4 novembre au 10 décembre par l'Apronet (Association des professionnels Internet des collectivités publiques locales) avec le soutien de la mission Ecoter. L'Universite Rey Juan Carlos développe la base de données sur les logiciels libres la plus importante au monde, dans le cadre du projet européen CALIBRE. Firefox continue son décollage fulgurant sur le marché des navigateurs web avec 10 millions de téléchargements en 32 jours. IDC prévoie forte croissance conjointe du marché des serveurs Linux et des logiciels intégrés aux distributions. Le marché des services autour du logiciel libre a été très dynamique en France en 2004 et même les embauches sont au rendez vous.