[zdnet.fr] Brevets et open source : Trend Micro s'en prend à Barracuda Networks

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Business - Barracuda Networks est la cible de l’éditeur de produits de sécurité pour avoir adopté, comme des millions d’entreprises, la solution open source ClamAV, qui enfreint un brevet de Trend Micro. La communauté open source se mobilise.
La communauté open source est à nouveau secouée par une affaire de brevets logiciels. L'éditeur leader de produits de sécurité Trend Micro (grand public et professionnels) a entamé une procédure contre Barracuda Networks, spécialiste de ces solutions (pour professionnels), pour violation d'un de ses brevets.
Au coeur du conflit, ClamAV, un antivirus libre et open source, très populaire, que Barracuda utilise pour son usage interne. Or ses logiciels Spam Firewall et Web Filter en seraient largement inspirés, estime Trend, alors même que ClamAV enfreint son brevet.
De son côté, Barracuda explique que comme nombre d'entreprises, il se contente de télécharger le logiciel (racheté l'an dernier par l'américain Sourcefire) et ses mises à jour sur la plate-forme Sourceforge.
L'affaire a commencé en septembre 2006, quand Trend Micro a réclamé des royalties à Barracuda pour l'usage de son brevet (n° 5623600), obtenu fin 1995. Celui-ci décrit une technique d'analyse des données transitant au niveau d'un firewall.
Après des argumentations restées vaines, Barracuda Networks a demandé à une cour fédérale d'établir que le brevet n'a pas été violé, et surtout qu'il est invalide. Trend a répliqué en déposant une demande auprès de l'International Trade Commission (ITC), mettant automatiquement en attente celle de Barracuda.
Une technologie utilisée partout
« Trend Micro semble demander une interprétation du brevet qui lui donnerait des droits exclusifs sur le travail de détection effectué par un antivirus, au niveau de la passerelle réseau », explique Dean Drako, P-DG de Barracuda Networks. « Cette recherche est pourtant une technique courante et évidente utilisée par la plupart des entreprises dans le monde entier. » Trend Micro pourrait donc potentiellement attaquer les propriétaires de millions d'installations ClamAV actives.
« Les attaques de Trend Micro sont clairement portées contre les logiciels libres et open source, et leurs utilisateurs, au-delà de Barracuda Networks », ajoute Justin Mason, vice-président de l'Apache Software Foundation. « Le brevet couvre une méthode simple, évidente pour tous ceux qui l'utilisaient à l'époque de sa rédaction. Il doit donc être rendu caduc dès que possible. »
Barracuda a lancé un appel à la mobilisation afin que de telles plaintes n'aient plus cours. Il réclame le plus grand nombre de documents possible pour l'aider à prouver que les technologies revendiquées par Trend Micro étaient largement utilisées avant le dépôt du brevet.
Une perte pour la clientèle et pour l'innovation
Pour la communauté, Trend Micro cherche simplement à monétiser son portefeuille de brevets. Reste que l'affaire pourrait avoir des répercussions sur le secteur du logiciel, car l'usage d'une base open source permet à Barracuda de proposer des produits de sécurité à prix serrés. Jusqu'à dix fois moins cher parfois que ceux des concurrents, propriétaires.
Trend Micro chercherait-il donc à faire augmenter les prix ? Si ClamAV, déployé plus d'un million de fois, disparaît du marché, plus de cent millions de PC seront sans protection ou moins armés. Barracuda compte parmi ses clients des écoles et bibliothèques, qui ne peuvent pas s'offrir des solutions propriétaires. Il prévient, par ailleurs, que Trend Micro risque de nuire à l'utilisateur final car l'innovation dans le domaine des antivirus et antispam est majoritairement issue de la sphère open source.
Reste que les actions de Trend Micro montrent encore la fragilité des projets open source face à la menace des brevets. D'éminentes figures de la communauté affichent déjà leur soutien, tel Eben Moglen, directeur du centre juridique Software Freedom Law Center, qui veille à « protéger et faire avancer les logiciels libres et open source ».
« La défense collective face aux brevets logiciels est une responsabilité commune pour l'écosystème des logiciels libres », ajoute-t-il. « Nous ferons tout pour aider ceux qui promeuvent les logiciels libres à résister à de tels abus en matière de brevets. » »

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