Le passage à la 5G révèle la dépendance européenne en matière de réseaux - Décryptualité du 3 février 2020
Titre : Décryptualité du 3 février 2020 - Le passage à la 5G révèle la dépendance européenne en matière de réseaux
Intervenants : Manu - Luc
Lieu : April - Studio d'enregistrement
Date : 3 février 2020
Durée : 15 min
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Revue de presse pour la semaine 5 de l'année 2020
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : Logo 5G, Nicosariego - Licence CC BY-SA 4.0
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Description
L'article de Bert Hubert révèle une situation peu reluisante en matière de maîtrise de l'infrastructure réseau en Europe.
Transcription
Voix off : Décryptualité.
Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
Luc : Semaine 5, année 2020. Salut Manu.
Manu : Salut Luc.
Luc : Qu’a-t-on au sommaire ?
Manu : On a cinq jolis articles.
Luc : Cinq articles pour la semaine cinq. Futura, « Email : Mozilla tente l'opération de la dernière chance pour sauver Thunderbird », un article de Fabrice Auclert.
Manu : C’est un sujet un peu épineux parce que Thunderbird c’est un lecteur de mail très connu et reconnu dans le monde du logiciel libre.
Luc : Je pensais qu’ils l’avaient abandonné il y a longtemps déjà.
Manu : Pas vraiment, mais ceci dit il n’est pas très utilisé, malheureusement il n’a pas beaucoup de reconnaissance comme outil et justement il y a des difficultés pour continuer à le faire évoluer, continuer à le faire vivre.
Luc : En même temps, les gens utilisent de plus en plus le web-mail.
Manu : Exactement. Et Outlook continue à bien marcher. C’est un outil qui est plutôt pas mal, honnêtement, je connais des gens qui l’utilisent, je l’utilise à l’occasion mais pour essayer de le financer et continuer à le faire évoluer, justement Mozilla essaye de le mettre dans une entreprise, une structure à part qui, ils espèrent, va trouver des débouchés économiques tout en le gardant comme un logiciel libre. C’est plutôt une idée intéressante, mais je ne suis pas sûr que ce soit parti pour gagner.
Luc : Alternatives-economiques, « Faites vous-même votre réforme des retraites ! », un article de Sandrine Foulon.
Manu : C’est un sujet à trolls, bien sûr, même si on semble un peu en sortir, et là, ce qui est intéressant, c’est une proposition du collectif Nos Retraites qui propose une version libérée d’un simulateur de retraites.
Luc : C’est la retraite DIY [Do it yourself].
Manu : Exactement, et ils essayent de proposer des alternatives à un calcul : comment on va avoir nos retraites, qu’est-ce qu’on va toucher exactement. Je ne suis pas allé jeter un œil, mais ce que j’aime bien c’est de côté participatif, open data, on met en commun tous ensemble pour choisir tous ensemble ou aider à choisir tous ensemble quelle direction on veut faire prendre à nos retraites. J’aime beaucoup cette initiative et c’est du Libre, quoi !
Luc : ZDNet France, « La fondation Linux veut améliorer la sécurité de l'open source », un article de Thierry Noisette.
Manu : C’est une fondation un peu comme la FSF [Free Software Foundation] et effectivement ils essayent de passer des accords, des financements, de faire travailler des entreprises ensemble et là, dans une direction qui nous plaît bien, parce que ce n’est jamais facile de trouver des motivés pour travailler sur la sécurité du Libre, étant donné que ce n’est pas quelque chose de forcément visible.
Luc : La fondation Linux ce n’est pas tout à fait comme la FSF.
Manu : Ce sont des entreprises.
Luc : C’est quand même porté par de très, très grosses boîtes.
Manu : Carrément.
Luc : En tout cas, le sujet est très important. Numerama, « Et si Windows 7 devenait un logiciel libre ? », un article de Julien Lausson.
Manu : On en a déjà parlé la semaine dernière, mais ça reste amusant comme sujet. Rebelote ! Un gros sujet à trolls ! Donc Windows 7, ce système d’exploitation qui est en phase de mourir, en tout cas il n’est plus supporté par son fabricant, par son éditeur.
Luc : Il ne le supporte plus !
Manu : Il ne supporte plus, donc les gens qui ont Windows 7 sur leur ordinateur vont se retrouver avec un système d’exploitation un peu mort-né, un zombie que plus personne ne maintient.
Luc : Un mort-né, ça fait quand même quelques années qu’il existe, mais comparativement à XP qui a tenu pendant je ne sais plus combien, plus de dix ans.
Manu : Pendant super longtemps !
Luc : Celui-là a vécu beaucoup moins longtemps.
Manu : Donc proposition de la FSF, rebelote, « s’il vous plaît libérez Windows 7, nous on va s’en occuper, on va le faire revivre. »
Luc : Voilà ! Je pense que personne n’y croit c’est juste un sujet troll qui fait bien rigoler.
Manu : C’est amusant.
Luc : Datanews.be, « 5G : l'éléphant qui débarque dans une boutique de porcelaine », un article de Bert Hubert.
Manu : Un super article qu’on a apprécié tous les deux.
Luc : Oui, et dont on va faire notre sujet principal de la semaine.
Manu : On va parler d’éléphant.
Luc : D’éléphant. On va déjà parler de Bert Hubert qui n’a pas l’air d’être un éléphant.
Manu : C’est un entrepreneur, un développeur de logiciels.
Luc : Qui a bossé également dans un service de sécurité nationale, je suppose belge puisque le site est belge, donc c’est un expert réseau.
Manu : Qui parle de réseaux et des problématiques qu’il y a avec eux, notamment en lien avec la 5G et Huawei.
Luc : Oui, puisqu’on est en train de mettre en place un peu partout en Europe le réseau 5G, donc le nouveau réseau big data.
Manu : Qui va remplacer la 4G qui elle-même a remplacé la 3G.
Luc : Pour le téléphone.
Manu : Et qui va se rajouter.
Luc : En tout cas plus rapide, plus puissant et il faut donc des équipements matériels pour mettre ça partout pour que les téléphones se connectent.
Manu : Beaucoup d’équipements, parce qu’il faudrait beaucoup plus d’antennes que pour la 4G.
Luc : Parmi les équipementiers, les gens qui savent faire, il y a des Chinois donc Huawei.
Manu : Il y a aussi Nokia et Ericsson.
Luc : Et ZTE qui est un autre Chinois.
Manu : Ce sont les équipementiers les plus connus qui savent globalement faire ce genre d’équipements, les mettre en place, les fabriquer, les configurer, les faire tourner.
Luc : Et on rappelle qu’il n’y a pas si longtemps Donald Trump a lancé une guerre économique contre la Chine en disant que Huawei, cette boîte-là, cette même boîte, espionne les États-Unis au travers de tous les équipements qu’elle vend, puisqu’elle vend aussi des téléphones portables notamment, on ne peut pas lui faire confiance donc on va lui interdire de vendre sur le territoire américain et ça a lancé une guerre commerciale.
Manu : En tout cas c’est un des éléments de cette guerre commerciale, sachant que Trump et les services américains ont ensuite encouragé tous leurs alliés à interdire Huawei de vendre chez eux, notamment la Grande-Bretagne.
Luc : C’est un peu le point de départ de l’auteur de cet article, de dire on se pose des questions là-dessus, mais, en fait, c’est un faux problème : la question ce n’est pas qu’on ne doit pas faire confiance à Huawei. Il cite le cas d’une réunion où il y a plein de gens qui sont dans le domaine de ces infrastructures et à qui on demande « est-ce que vous pensez que les boîtes chinoises utilisent leurs infrastructures pour nous espionner ? » Tout le monde lève la main en disant oui. Et ensuite il dit « est-ce que vous pensez que les boîtes américaines font la même chose ? », tout le monde lève la main en disant oui.
Manu : On est espionné de tous les côtés !
Luc : Voilà. On n’a pas de preuves formelles, mais les experts du milieu sont convaincus que ces grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis n’ont évidemment aucune raison de perdre l’occasion d’espionner le monde entier avec toutes les infrastructures qu’elles mettent en place.
Manu : La problématique, qui est sérieuse, c’est qu’il n’y a pas 36 équipementiers sur le marché et que les gens qui font des appels d’offres, des marchés publics, typiquement les États ou les grands télécoms, eh bien ils sont un petit peu limités dans leur choix, ils n’ont pas 36 solutions.
Luc : Effectivement, puisqu’il faut acheter chinois ou américain, de toute façon l’espionnage vient avec. Il n’y a pas d’industriels qui fassent de l’équipement en Europe.
Manu : L’article fait référence à Nokia et Ericsson, ce sont des acteurs européens !
Luc : Oui, mais en précisant qu’ils ont fait largement appel à de l’outsourcing, donc faire développer tous leurs machins en Chine. En gros, il dit que les compétences ont complètement déserté toutes ces boîtes et qu’il reste beaucoup de marketing mais très peu de gens qui sont compétents en technique, que tout ça part à l’étranger.
Manu : L’article est plutôt inquiétant de ce point de vue-là parce que, en gros, même les fournisseurs, les télécoms officielles de nos pays, n’ont plus d’expertise en interne, ils dépendent des entreprises intermédiaires qui, elles-mêmes, dépendent de leurs fournisseurs finaux, donc la Chine.
Luc : Et ce qui est assez impressionnant dans ce qu’il raconte c’est que ce n’est pas uniquement fournir le matériel mais c’est également exploiter les réseaux, parce que derrière il faut les faire tourner et, du coup, il explique que notamment les metadata de la téléphonie ou ce genre de choses…
Manu : Les facturettes, les fadettes, notamment.
Luc : Les métadonnées ça va être qui s’est connecté quand, qui a envoyé un message à qui, donc il n’y a pas nécessairement le contenu.
Manu : Qui a appelé qui et combien de temps.
Luc : Voilà. Tout ça était géré par des boîtes à l’extérieur, en Israël ou en Chine, donc ces gens-là ont accès à toutes ces donnés-là et pourraient même en créer des nouvelles. Je veux dire : on sait que la Russie a essayé de peser sur les élections, elle l’a fait d’ailleurs en Europe, aux États-Unis, etc. On se dit que la Chine, qui a envie de semer un peu le bordel dans les élections de ses concurrents européens, pourrait inventer de toutes pièces des pièces compromettantes contre un candidat qui ne lui serait pas favorable par exemple.
Manu : Étant donné les règles des marchés publics et la manière dont toutes ces entreprises sont constituées en oligopoles.
Luc : Un oligopole, en gros c’est un marché dans lequel on a quelques gros acteurs.
Manu : Donc là, trois en tout cas sont cités. On peut supposer qu’il y en peut-être quelques autres mais peu. Étant donné les règles des appels d’offres, ils sont obligés de garder ces acteurs-là et la Grande-Bretagne notamment, plus ou moins contrainte, a été obligée de dire « oui, oui, on va prendre de équipements qui viennent de Huawei », alors que les Américains lui mettent une grosse pression pour les refuser.
Luc : Et la situation que Bert Hubert constate c’est qu’au final on n’a pas le choix. On a très peu d’acteurs, ce n’est pas nous qui maîtrisons et les seuls acteurs qu’on a soit ils nous espionneront de toute façon, soit ils font déjà appel aux Chinois pour construire leur infrastructure.
Manu : C’est un constat de défaite assez affligeant. Ceci dit, il parle quand même d’une solution qui est mise en place, il y a les contrats.
Luc : Effectivement, c’est assez intéressant. D’une part il dit que ça pourrait être une ambition européenne de retrouver de la souveraineté là-dedans.
Manu : Et de notamment l’expertise.
Luc : Et de l’expertise, de remonter les compétences et d’avoir des gens qui savent faire. Il disait qu’une des choses qui était faite aux États-Unis où il y a encore beaucoup de compétences là-dedans, parce que c’est stratégique et ils ne vont pas lâcher leur morceau, c’est qu’ils automatisent la gestion de leur réseau. En Europe on a encore une multitude de gens qui gèrent ça à la main et les GAFAM, notamment, et ce genre d’acteurs ont des compétences pour que la gestion des réseaux se fasse par des systèmes automatiques, donc il y a finalement assez peu de gens qui arrivent à…
Manu : Démultiplier leurs forces, en quelque sorte.
Luc : Voilà, et s’occuper d’un réseau très vaste par rapport à leur nombre, du coup on aurait la possibilité de développer ça sans que ça coûte une fortune. Par contre, il faut être compétent.
Manu : Et cette approche contractuelle, alors ! Cette défense contractuelle ?
Luc : Ça c’est le truc rigolo. C’est, en gros, quand on dit : « Il y a des équipements, on vous espionne, faites ce que vous voulez », les autres disent : « Non, il y a un contrat dans lequel on a dit qu’on ne va pas t’espionner ».
Manu : Ah ! Ce sont les télécoms européennes qui espèrent que les contrats vont être suivis par les grands acteurs, donc les États-Unis ou la Chine.
Luc : Oui, comme la NSA dont on sait qu’elle n’espionne personne, bien sûr ! C’est extrêmement naïf de penser que parce qu’on a un bout de papier sur lequel est écrit « non, non, je ne serai pas méchant », on ne va pas le faire, on sait déjà que ça se fait.
Manu : Surtout que les législations nationales peuvent imposer dans la loi que la loi va être plus importante que les contrats, surtout les contrats avec des sociétés extérieures.
Luc : C’est le cas aux États-Unis avec la NSA.
Manu : Le PATRIOT Act.
Luc : On le sait grâce à Snowden. On se doute qu’en Chine il y a peu de chances que ce soit plus protecteur pour les intérêts européens qu’aux États-Unis. C’est très naïf de penser que le contrat va nous protéger de quoi que ce soit.
Manu : Tout ça ce sont de retombées de la guerre économique Chine/États-Unis. Rappelons que ça avait touché en premier, et c’est ce dont on avait parlé, c’est assez amusant, les téléphones portables. Là on est dans les équipements, donc c’est l’autre partie des téléphones portables. On avait parlé notamment d’Android, un logiciel libre, c’est pour ça que c'était dans nos podcasts. Là c’est la partie expertise donc vraiment tout est touché, nos télécoms sont toutes impactées, donc ce qu’on a dans la poche et ce à quoi on se connecte.
Luc : Tout le réseau.
Moi je trouve ça d’autant plus rigolo qu’actuellement l’État est en train d’en faire des tartines sur le cyber, ce mot un peu suranné utilisé par les militaires pour parler de guerre informatique sur les réseaux.
Manu : Il y a une Cyber Commande aux États-Unis [United States Cyber Command] qui vient de se monter.
Luc : Oui. La France pareil, elle a annoncé récemment qu’elle voulait être leader en Europe au moins sur la guerre des réseaux, l’aspect sécurité militaire, la guerre sur Internet. On se dit que si le réseau lui-même est complètement troué et qu’on ne maîtrise rien, on part quand même avec un gros handicap !
Manu : N’oubliez pas, les ministères français sont souvent dépendants de Microsoft, là c’est le système d’exploitation, et on est dépendant à plusieurs niveaux, c’est-à-dire que le matériel, on ne contrôle pas, le système d’exploitation, on ne le contrôle pas, ça fait qu’on ne contrôle pas grand-chose dans notre informatique.
Luc : Le réseau on ne contrôle pas non plus.
Manu : Vraiment, on est un peu mal barrés !
Luc : Pour être les champions !
Manu : Mais on va être les champions, on est les meilleurs ! Ceci dit, ça s’applique un peu à tout, j’ai l’impression que le manque d’expertise, la perte d’expertise, l’outsourcing, ce n’est pas que dans les domaines nationaux et dans les télécoms.
Luc : Non. De fait je me souviens que la Cour des comptes avait fait un rapport dont on avait parlé il y a quelques mois, je pense moins d’un an, qui incitait l’État à prendre exemple sur le modèle du logiciel libre et à récupérer des compétences en interne pour faire des petits projets bien rapides et avec des gens qui maîtrisent les sujets en interne. Moi j’ai longtemps travaillé dans le domaine des transports publics, de l’informatique appliquée aux transports publics pour l’information des voyageurs et, de ce fait, j’ai bossé avec plein de collectivités.
Manu : Donc l’expertise des collectivités ?
Luc : De fait, il n’y a aucune expertise ou très peu d’expertise informatique dans les collectivités. De temps en temps il y a une personne que ça intéresse à titre personnel, donc elle n’est pas complètement à la ramasse. Mais très souvent on a des gens qui sont très calés pour gérer des contrats, des appels d’offres, des machins, c’est très compliqué.
Manu : C’est souvent ce qu’on leur demande de faire.
Luc : Mais dès qu’on va commencer à parler informatique, ils sont perdus ! Donc ça a plusieurs effets négatifs : d’une part, ils peuvent se faire promener par leurs fournisseurs ou par les boîtes de conseil ; quand ils ont des sous ils ont des boîtes de conseil, les boîtes de conseil sont souvent acoquinées avec des fournisseurs, donc elles leur disent ce qui arrange le fournisseur. Même si le fournisseur veut faire la prestation, etc., comme la personne en face ne comprend pas trop, elle se retrouve souvent à prendre des mauvaises décisions.
Manu : À se faire bananer finalement !
Luc : Même à ne pas comprendre les enjeux. Dans le domaine public, en plus de ça, le moteur essentiel c’est l’élu. Dans les collectivités territoriales on a des fonctionnaires et, quand l’élu pique une colère, tout se met à partir dans tous les sens puisque lui ne veut pas passer pour un con parce qu’il veut être réélu. Donc régulièrement on s’est retrouvés à faire des trucs complètement cons parce que l’élu, à un moment, a fait un caca nerveux en disant « je veux ça parce que c’est classe ».
Manu : Oui, mais sans la compétence derrière, il va se faire avoir.
Luc : Même s’il n’y a pas de malhonnêteté, j’ai vu par exemple le cas d’une toute petite collectivité, c’est une communauté de communes, ils n’ont pas beaucoup de sous, et ils ont décidé de développer leur appli mobile parce que c’est classe. Or, une appli mobile, ça coûte cher à développer, mais ça coûte aussi très cher à maintenir parce qu’à chaque fois qu’il y a une nouvelle version d’Android et d’iOS…
Manu : Il faut tout tester à nouveau, il faut tout revalider, il faut éventuellement faire des changements.
Luc : Et, cette collectivité, même si personne ne les a entubés, ils se sont mis dedans tout seuls parce que, au bout d’un an et demi, ils se sont aperçus que c’était trop cher pour eux, qu’ils n’avaient pas le budget pour ça et que c’était complètement disproportionné par rapport à leurs moyens, donc ils ont eu leur appli pendant un an et demi et après ils l’ont arrêtée. Donc ça a été, je pense, des dizaines de milliers d’euros qui ont été foutus à la poubelle pour rien.
Manu : Tout ça pour la vanité ou l’orgueil d’une personne.
Luc : Pour l’avoir, parce que c’était classe.
Manu : C’est un classique, ça se fait dans beaucoup de contextes, je pense que c’est un peu limité. Ils en rigolent, ils se disent qu’à un moment donné il y a des États qui ont voulu mettre en place des infrastructures de secours, par exemple, et qui n’avaient pas la compétence en interne, donc qui se sont fait bananer par leurs fournisseurs qui leur ont vendu monts et merveilles et, au final, ce n’était pas ce qu’ils voulaient vraiment, en tout cas ils se sont rendu compte plus tard que ça ne leur convenait pas. Je pense qu’on aura encore des cas et des cas dans les années qui viennent. Quand on se retrouve face à un oligopole, et ça existe dans tellement de domaines que je n’oserais pas les lister aujourd’hui, on se fait avoir, nécessairement !
Luc : Oui et l’État adore ça. Je ne sais plus si c’était Fleur Pellerin ou Axelle Lemaire, je crois que c’était Fleur Pellerin qui avait dit à l’époque : « Le problème du logiciel libre, de l’open source, c’est qu’il n’y a pas un gros acteur avec qui on puisse parler. »
Manu : Et voilà !
Luc : « Ce que vous faites ce n’est pas mal, mais nous on veut un gros machin parce que toutes ces petites boîtes, pff ! On ne sait pas comment faire. »
Manu : L’atomicité du système économique ne convient pas aux gros acteurs comme l’État français qui est particulièrement fan des grands champions !
Luc : Ça permet de pantoufler entre l’État et les grosses boîtes !
Manu : Notamment, et ça permet ensuite de se retrouver confronté à des fournisseurs qui vont te bloquer et vont te capturer. Ça a plein de conséquences négatives et je pense qu’on en verra encore plein d’autres. Ça ne va pas s’arrêter à court terme.
Luc : En tout cas ça démontre que si on a de l’ambition il y a de quoi faire, il y a du boulot.
Manu : Si on veut monter des télécoms pour faire de la 5G, il y a un marché. On peut peut-être creuser là-dessus tous les deux. Allez, on monte notre société de 5G bientôt ?
Luc : On verra la semaine prochaine si ça a pris !
Manu : Je te dis à la semaine prochaine.
Luc : Salut.