Projet de loi de modernisation de l'économie
Contexte
Le projet de loi de modernisation de l'économie a été présenté en conseil des ministres le 28 avril 2008. Le Gouvernement a déclaré l'urgence sur ce projet de loi. Les débats ont débuté le 2 juin 2008.
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Amendements actions de groupe et vente liée ordinateurs/logiciels
Des députés de plusieurs groupes ont déposé des amendements relatifs à la vente liéé de matériel informatique et de logiciels :
- les amendements n°1000 rect. de Monsieur Gaubert et le groupe SRC, n°1043 rect. de Monsieur Daniel Paul et plusieurs députés du groupe GDR, et n°1291 de Monsieur Dionis du Séjour et le groupe NC, qui abordent cette question sous l'angle de la concurrence ;
n°1000 rect. : http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201000.asp
n°1043 rect. http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201043.asp
n°1291 rect. http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201291.asp - l'amendement n°999 rect. de Christian Paul (SRC) et le groupe SRC qui tend à imposer un affichage individualisé des prix pour les différents éléments (matériel/logiciels) ; Voir http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084200999.asp
- enfin les amendements n° 852 et n°1084 déposés par les députés du groupe SRC, qui visent à renforcer l'article L 122-1 du Code de la Consommation (sur la subordination de vente) en le complétant par une phrase ainsi rédigée : « Le fournisseur de produits ou de services qui met un détaillant en position de devoir nécessairement opposer un tel refus à un consommateur est regardé comme l'auteur de la pratique. » :
n° 852 http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084200852.asp
n° 1084 http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201084.asp
Ces amendements permettront de consolider les obligations des professionnels pour une concurrence non faussée et le respect des droits des consommateurs.
Signalons également l'amendement n°351 de Monsieur Jean-Paul Charié, rapporteur UMP du projet de loi. Il vise à instaurer l'action de groupe, qui devait initialement faire partie de ce projet de loi. Le mécanisme proposé permet à la fois de mener des actions dans le domaine de la consommation et de la concurrence, afin que les consommateurs puissent faire réparer des préjudices de masse, mais aussi d'éviter d'éventuelles dérives grâce au contrôle du juge sur la procédure. Voir l'amendement http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084200351.asp
L'April, qui agit contre la vente liée depuis plusieurs années et souhaite qu'un dispositif d'action de groupe soit intégré à notre droit, invite les parlementaires à soutenir cet amendement ainsi que les amendements pré-cités. Leur adoption permettra un progrès de la concurrence, en particulier dans le secteur du logiciel, et renforcera les droits des consommateurs.
Concernant l'action de groupe il existe d'autres amendements :
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201033.asp (groupe SRC)
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084200204.asp (député UMP Frédéric Lefebvre)
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201300.asp (amendement de Jean Dionis du Séjour, Nouveau Centre)
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201041.asp (amendement groupe GDR)
- http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/0842/084201145.asp (sous amendement à l'amendement n° 351)
Débats au parlement
Extraits des débats du 2 juin 2008 (1ère séance) à l'assemblée nationale:
M. Jean-Paul Charié, rapporteur [...] Nous introduirons l'action de groupe en matière commerciale, indispensable pour que les victimes portent plainte et que la loi soit effectivement appliquée (M. Michel Bouvard applaudit). À ce sujet, madame la ministre, je serai très clair. M. Lefebvre et moi-même en sommes d'accord (Exclamations sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR) : si l'on ne nous démontre pas que tout est parfaitement calé pour éviter les dérives potentielles, nous préférerons perdre quelques semaines qu'adopter le projet en l'état, au risque de l'inefficacité. Le groupe UMP et la commission sont donc déterminés à introduire l'action de groupe dans la loi (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Extraits des débats du 2 juin 2008 (2ème séance) à l'assemblée nationale:
Mme Catherine Vautrin [...] J'en viens au titre II du projet. Le deuxième pilier de la croissance est en effet la concurrence - et son indispensable corollaire, la protection des consommateurs. L'action de groupe, pourvu qu'elle soit encadrée afin d'éviter les dérives du système américain, assure une meilleure prise en charge des intérêts individuels. C'est pourquoi l'un de nos amendements vise à l'inscrire dans le droit français.
Extraits des débats du 3 juin 2008 (3ème séance) à l'assemblée nationale:
M. Lionel Tardy [...] Malgré ces réserves, ce projet de loi me semble largement positif. C'est maintenant à nous, parlementaires, de l'enrichir et de le faire évoluer. Plusieurs amendements intéressants ont d'ailleurs été déposés en commission. Je regrette toutefois le retrait de l'amendement sur l'action de groupe, qui avait été déposé par notre rapporteur, M. Jean-Paul Charié. M. Jean-Paul Charié, rapporteur de la commission des affaires économiques - Ce n'est pas fait ! M. Lionel Tardy - Depuis 2006, l'action de groupe est devenue une véritable arlésienne... Nous avons eu tout le temps de travailler sur cette question. Le moment est maintenant venu de prendre nos responsabilités. Je souhaite avant tout que nous puissions réaliser ensemble un travail de fond, et surtout un travail de qualité, ce qui nous évitera de revenir dans quelques mois sur des mesures qui auraient été mal ficelées. Au regard de la concertation qui a eu lieu, et de la qualité des travaux menés en commission des affaires économiques, sous la présidence de Patrick Ollier, ce texte est tout de même une grande avancée (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP). [...] Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie - Le Gouvernement se félicite des conditions dans lesquelles cet accord a été obtenu et veillera, cela va de soi, à sa mise en oeuvre efficace. De même, en étroite collaboration avec le président de sa commission de surveillance, nous sommes parvenus à un équilibre en matière de gouvernance de la Caisse des dépôts et consignations. Je recevrai avec plaisir toute proposition de votre Assemblée en matière de blanchiment d'argent, tant la lutte contre cet épouvantable fléau de la finance est importante. Plusieurs orateurs, dont M. Dionis du Séjour et Mme Vautrin, ont regretté l'absence, dans le projet, de disposition sur l'action de groupe. En effet, les travaux de votre rapporteur ont révélé que certains ajustements techniques étaient encore nécessaires (Exclamations sur les bancs du groupe SRC). Je sais cependant que votre commission a examiné plusieurs amendements dans ce domaine. M. François Brottes - Et les a votés ! Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie - J'approuve l'idée de M. Lefebvre de constituer un groupe de travail non partisan afin de lever ces difficultés techniques (Exclamations sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR). Plusieurs députés du groupe SRC - Nous sommes sauvés ! M. Patrick Roy - Rendra-t-il ses conclusions avant 2035 ? Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie - Croyez-en ma modeste expérience acquise à l'étranger : les écueils sont nombreux, qui risquent d'entraîner la judiciarisation excessive de notre économie. J'espère que ces travaux permettront la mise en place d'un mécanisme de nature à éviter les travers de certains autres pays. MM. Patrick Roy et Jean Gaubert - Qu'en pense M. Chatel ? Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie - J'irai dans votre sens, Madame Vautrin, s'agissant de la réhabilitation des friches militaires. Mme Catherine Vautrin - Très bien ! Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie - Mme Lebranchu a reproché à notre texte de négliger la micro-économie. Le titre I démontre le contraire, puisqu'il vise à encourager la création de micro-entreprises. Je souhaite en effet que le titre II ait des effets macro-économiques sur les prix et le pouvoir d'achat mais, à plus petite échelle, sur les rapports entre centrales d'achat et fournisseurs aussi. De même, l'abondement du FISAC et l'amélioration des dispositifs de transmission des entreprises profitera à nos centres-villes. Vous le voyez : ce texte a une vocation macro- autant que micro-économique. Du Bonheur des Dames au commerce électronique, toutes les formes de commerce sont aujourd'hui possibles. Songez à vos enfants, qui achètent en ligne, mais aussi à la vitalité de notre commerce de proximité ou à l'essor du commerce direct. Mesdames et Messieurs les députés, avec ce texte, le Gouvernement vous propose d'allier l'audace à la modernité pour atteindre un équilibre économique entre maîtrise et liberté ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du groupe NC) [...] M. Noël Mamère La loi de modernisation de l'économie n'échappe pas à la règle. Elle rappelle le titre de ce film de Claude Lelouch : « Tout ça pour ça ! » Seul un renvoi en commission permettra de donner à ce texte une véritable cohérence. Le débat en commission permet en effet d'avancer sur certains points, comme chacun a pu le constater aujourd'hui en matière d'action de groupe. [...] L'amendement proposé par le rapporteur instaurant l'action de groupe constitue un grand progrès - plus exactement, ce le sera quand les sous-amendements auront été adoptés, et si l'on ne crée pas un énième comité Théodule appelé à rendre des conclusions improbables dans un délai indéterminé... L'action de groupe fonctionne à l'étranger... [...] M. Daniel Paul Quant à l'action de groupe, elle fait partie des sujets que vous évitez soigneusement parce qu'ils divisent l'UMP. [...] La motion de renvoi en commission, mis aux voix, n'est pas adoptée. La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance, qui aura lieu cet après-midi, mercredi 4 juin, à 15 heures.
Extraits des débats du 4 juin 2008 (1ère séance) à l'assemblée nationale:
Questions au gouvernement : M. Jérôme Cahuzac - Ma question s'adressait initialement à Mme la ministre de l'économie, qui m'a courtoisement fait savoir qu'elle serait empêchée. C'est donc à M. le secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation que je demanderai quelle est la position exacte du Gouvernement sur la possibilité pour les consommateurs d'introduire une action en justice collective s'ils s'estiment victimes d'un processus industriel fautif. Si Mme Lagarde est notoirement hostile à l'introduction de l'action de groupe dans notre droit, vous avez, aujourd'hui encore, fait connaître votre assentiment, Monsieur Chatel. Qu'en déduire ? Le Gouvernement est-il ou n'est-il pas favorable à l'instauration de l'action de groupe ? Est-il ou n'est-il pas favorable à ce que tout consommateur puisse y avoir recours, et non seulement quelques associations ? Est-il ou n'est-il pas favorable à ce que tous les domaines soient couverts, y compris celui de la santé ? Nous savons que certains membres du Gouvernement y sont résolument opposés ; pour notre part, nous ne voyons pas pourquoi ce secteur serait exclu du dispositif général. Le Gouvernement est-il ou n'est-il pas favorable à ce que les indemnités soient non pas forfaitaires, mais décidées par un juge en fonction du préjudice subi ? Est-il ou n'est-il pas favorable à ce que l'action de groupe soit réservée aux consommateurs, et non aux actionnaires, dont on conviendra que les préoccupations sont bien différentes ? Dans un amendement au projet de loi de modernisation de l'économie actuellement en discussion, nous présenterons un amendement par lequel nous proposons d'introduire l'action de groupe dans le droit français. Le Gouvernement l'acceptera-t-il ? En recommandera-t-il l'adoption par l'Assemblée ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR) M. Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation - Le Gouvernement a beaucoup fait pour la protection des consommateurs - en plafonnant les frais bancaires ; en rendant obligatoire l'envoi par les banques d'un relevé annuel de frais ; en renforçant la protection des clients des opérateurs de téléphonie mobile, d'accès à l'Internet et de vente à distance. J'en viens à l'action de groupe. La DGCCRF signale l'augmentation des litiges de masse et des plaintes qui s'ensuivent. D'autre part, la multiplication des offres fait que l'on souscrit facilement une multitude d'abonnements, mais que le service après-vente n'est pas toujours à la hauteur des attentes. Enfin, en l'état actuel de notre droit, il n'est pas facile de porter plainte pour un litige avec un opérateur de téléphonie portant sur 15 euros. Dans ce contexte, le Gouvernement est favorable à l'instauration d'un dispositif d'action de groupe, ainsi conçu qu'il concilie protection du consommateur et liberté d'entreprendre. Alors que nous faisons tout pour faire sauter les verrous qui brident notre économie, il ne saurait être question d'adopter un système semblable à celui qui existe aux États-Unis et qui fait peser sur les entreprises des contraintes supplémentaires. Je sais que plusieurs parlementaires dont M. Charié, votre rapporteur, et M. Lefebvre ont déposé des amendements au projet de loi de modernisation de l'économie qui tendent à introduire l'action de groupe en droit français. Mme Lagarde, Mme Dati (Interruptions sur les bancs du groupe SRC et du groupe GDR) et moi-même élaborons un dispositif que nous vous proposerons dans un projet de loi spécifique, car il nous reste du chemin à parcourir pour trouver un équilibre satisfaisant (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Débat sur les amendements
Extraits des débats du 11 juin 2008 (2ème séance) à l'assemblée nationale.
Débats concernant l'amendement n°999 rect. de Christian Paul (SRC) et le groupe SRC qui tend à imposer un affichage individualisé des prix pour les différents éléments (matériel/logiciels) :
Mme Catherine Coutelle - L'amendement 999 rectifié prévoit qu'en cas d'offre commerciale regroupant plusieurs produits, le prix de chacun soit indiqué distinctement. Les offres regroupées sont fréquentes, dans le secteur informatique notamment, et il faut améliorer l'information du consommateur, en particulier lorsqu'un logiciel est vendu avec l'ordinateur. M. Jean-Paul Charié, rapporteur - On ne peut pas imaginer la vente d'un ordinateur sans ses logiciels et divers autres éléments. Il est tout à fait possible de se procurer des pièces détachées, mais lorsque le produit constitue une seule entité - un ordinateur certes, mais aussi une automobile ou tout ce qui fait l'objet de ventes liées -, on ne peut exiger des fabricants qu'ils mentionnent le prix de chaque élément. Les consommateurs sont déjà un peu perdus en ce qui concerne le juste prix de vente... Avis défavorable. M. Luc Chatel, secrétaire d'État - L'article L. 122-1 du code de la consommation prohibe la vente liée de deux produits ou services dès lors qu'il n'est pas possible de les acquérir séparément sur le même lieu de vente. La jurisprudence a parallèlement validé la pratique de la vente liée d'un ordinateur et d'un système d'exploitation pré-installé, considérant que disposer d'un appareil prêt à l'emploi était un avantage pour le consommateur. Il n'est donc pas utile de modifier cet article du code. M. François Brottes - Prenons un autre exemple : celui des chaînes hi-fi. On peut acheter des enceintes, un lecteur et un amplificateur séparément mais il existe aussi des offres complètes, qui ne sont pas toujours au meilleur prix. Le consommateur aurait tout intérêt à connaître le prix de chaque élément pour pouvoir le comparer avec d'autres dans le même magasin. L'amendement 999 rectifié, mis aux voix, n'est pas adopté.
Extraits des débats du 12 juin 2008 (3ème séance) à l'assemblée nationale.
Discussion concernant les amemdements n° 1000 http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/ 842/084201000.asp et n° 1043 http://www.assemblee-nationale.fr/13/amendements/ 842/084201043.asp (identiques)
:M. François Brottes - L'amendement 1000 rectifié est défendu. M. Jean-Pierre Brard - L'amendement 1043 rectifié lui est identique. Les amendements 1000 rectifié et 1043 rectifié, repoussés par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
Documents
- Le dossier législatif sur le site de l'assemblée nationale
- dossier de presse (57 pages) sur le site du ministère des finances
- diaporama (22 pages) utilisé lors de la conférence de presse au ministère des finances
- discours de Christine Lagarde lors de la conférence de presse au ministère des finances